Comprendre

C

omprendre – « Parle-moi, oh toi, large et long Fleuve tranquille. Livre-moi quelques-uns de tes secrets. L’un de ceux qui m’aiderait à trouver la voie. Celle que je cherche. Celle qui me fuit…

Aide-moi, long Fleuve tranquille, à déchiffrer le mystère qui t’entoure. Comprendre ton irrésistible attrait. Voir au-delà de l’horizon, ce que ma Mère aimait tant de toi. Livre-moi un peu de tes courants, parcelles de ton histoire.

Raconte-moi. J’écouterai. J’approfondirai ton lent balancement, tes rejets d’écume. Je laisserai ton souffle jouer dans mes boucles folles, comme le ferait main invisible.

Parle-moi, long et large Fleuve tranquille. Apprends-moi à t’aimer, t’apprécier à ta juste valeur. À te respecter. À apprendre le silence de ta mouvance plutôt que la mort de ton ressac.

Aide-moi long Fleuve. Parle-moi. Toi qui méritais tant de souvenirs, de regrets et d’ennuis de ma Mère. Que savait-elle de toi? Qu’avait-elle perçu que je n’arrive pas à saisir? Je n’arrive pas à décoder tes signes.

Près de tes berges, je vis éloge à la lenteur et déférence envers ces matins inondés de silence, comme affectés plongeons dans l’abîme de l’âme.

J’ai entendu dire que lorsque l’on naît près de toi, on n’arrive jamais à t’oublier. On n’arrive jamais complètement à se passer de toi.

Comme ma Mère a dû souffrir de son interminable exil, parsemé de trois-quatre bouffées de toi. Autant dire rien dans une mer d’éternité.

Je reviendrai Fleuve. Je tenterai de te lire. De t’apprendre par le cœur.

Et après seulement, plus tard mais pas trop, je déciderai… »

Addenda : stable à 710