Coeurs amoureux, corps brisé
C
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œurs amoureux, corps brisé - Ça
y est : j’ai enfin pu observer tout mon soûl, un Cardinal et sa Belle se
faire la cour dans la cour!
Ce chant, fusant
de partout, je le reconnais maintenant très bien parmi tous les autres.
Cherchant les vives couleurs à-travers le vert branchage, un déplacement les dévoila. Ce
rouge plumage, et cette Belle-endormie, rosie d’émoi.
Envolées endiablées, d’une
branche à l’autre, d’un arbre à l’autre. Course folle contre la montre pour
conquérir le cœur de la Dame. Vols nerveux, impétueux.
Pour assister à cette curieuse
courtisanerie, les Voyeurs s’installent, les uns sur la ligne électrique, souhaitant
sûrement que le courant passe, les autres dans la haie de cèdres ou tout en-haut
du pignon de l’église. Roucoulements des pigeons et tourterelles endimanchés; chastes souffles de notes d’amour faisant office de roulements de tambour.
Mesdames,
messieurs, la cour est ouverte… aux cœurs amoureux!
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Pendant ce temps, auprès de
moi cet autre individu de race inconnue (vous saurez sûrement éclairer ma
lanterne?). Qu’est-ce qu’il fout sur la chaise glissée sous la table?
Jeune écervelé ou corps brisé?
Son petit bedon rond, orangé. Serait-il d’une
portée, égaré? Il reste là, immobile, me fixant de son œil rond. Si je me tiens
tranquille, sans faire de bruit, il le ferme, hasardant de courtes périodes de repos.
J’ai glissé à ses côtés, un petit bol d’eau. Il n’y touche pas. Je ne veux ni l’apeurer
ni le déranger.
Soudain, un rouge-gorge se pose dans l'arbre voisin. Chant répétitif, un brin plaintif. Serait-ce sa mère? Puis
soudain l’égaré saute par terre, lâche une crotte, sautille jusqu’à la haie et
disparaît...
Ce matin au moment d’écrire
ces lignes, il me semble le reconnaître, haut perché dans l’arbre desséché
alignant ses squelettes de branches devant ma fenêtre.
Même bedon rond…
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