Entre terre et eau

 J’avais hésité entre du solide ou du liquide.

Et de manger ou boire il n’était point question!

Je tergiversais plutôt entre aller ramasser une pomme oubliée dans le verger ou, aller me gaver sur passage isolé, de l’étendue mouvante de l’immense lac Des Deux-Montagnes.

Comme j’avais une commission à faire à la poste et des cannettes à rapporter à l’épicerie, « respect », j’optai pour la deuxième alternative.

Stationnée au Magasin Général du Parc d’Oka, je pris le sentier juste en face, celui-là même où j’avais tant de fois marché l’hiver dernier, en accord avec la nouvelle hanche.

Le sol était jonché de feuilles colorées, allant du brun rouille au rouge feu, en passant par des éclats jaune soleil. Les campeurs avaient fui. Les terrains vacants gardaient leurs secrets. Péripéties d’été. Le calme régnait. Le vent était frais, acceptable pour un jour d’automne.

J’étais seule, non perdue, non inquiète. Je longeai le lac jusqu’à plus de fin, alternant mes pas sur chemin gravelé et sur plage désertée.

C’est là où, sans faire exprès, je posai les pieds sur les amours d’une Juliette… « Oh! Pardon! … » murmurai-je…

Puis vint l’idée qu’il me faudrait en revenir. Un court instant, ça me fit poser les fesses sur un tronc renversé, lavé par des printemps subséquents.

Un temps pour méditer en regardant les vagues s’étendre sur la croupe de sable noir me rappelant celui d'une plage de Rome...

Un minuscule 5km, tout en douceur, sans courir, l’esprit plongé dans un état contemplatif végétatif comme je les aime tant…

Au yable la bigorexie!...

"Vers la Pointe aux bleuets", Parc d'Oka, octobre 2022