Là, pas là, je pense à toi

 « Aujourd’hui, nous aurions souligné tes 100 ans. Je t’allume une chandelle; tu viendras la souffler quand tu auras une minute ou deux… 

Aujourd’hui, nous aurions souligné tes 100 ans. Nous aurions gonflé des ballons. Apporté un gâteau richement glacé, pour contenter ta dent sucrée. Nous aurions été, enfants et conjoints, petits-enfants et amis, auprès de toi, à te serrer dans nos bras et à te dire combien on t’aime…

Aujourd’hui, nous aurions souligné tes 100 ans. Cent années qui auraient incrusté sur ton visage, les rides de ton énergie légendaire. Si seulement tu avais pu suivre à pas lents, la ligne de vie de ta sœur aînée qui elle, travaille fort pour mener à terme, sa cent deuxième…

Aujourd’hui, nous aurions souligné tes 100 ans. Si les années avaient seulement accepté de se succéder dans l’ordre et non dans le désordre. Tu les aurais enfilées les unes après les autres avec détermination, sans jamais baisser les bras, adversité ou pas…

Aujourd’hui, nous aurions souligné tes 100 ans. Mais ce n’est pas là ce que te réservait, Madame Destinée. Elle t’a laissé tomber, au moment où tu t’en attendais le moins. Des molécules se sont moquées de ta motivation à vivre, et ont formé sournoisement, jour après jour, des plaques dans ton cerveau, bloquant ainsi le travail de tes neurones. Entraînant la mort de ces cellules, essence même de la vie telle qu’on l’espère...

C’est la maladie qui a fait son chemin. Pas ton bon vouloir…

Aujourd’hui, nous aurions souligné tes 100 ans. J’ai allumé une chandelle ; tu viendras la souffler quand tu auras une minute ou deux… »

"Si et seulement si", St-Joseph-du-Lac, 13 mars 2021