Je n’irai pas là

 Là où tous les journaux, radios et réseaux sociaux iront aujourd’hui. Non. Je choisis plutôt, de vous raconter ce que je suis allée faire là cette semaine. Là comme dans là-bas.

Avertissement : ça risque d’être long!

Mardi - Arrivée deux heures trop tôt après avoir tranquillement fait la route toujours histoire de découvrir/revoir de nouveaux paysages, St-Jean-de-Matha et sa Louis-Cyr m’ont accueillie à grandes-rues-à-bon-dénivelé-déployées. Voulant tuer le temps autrement qu’en brûlant du « gaz », je me suis dirigée…

… Là, au Parc Régional des Chutes-Monte-à-Peine-et-des-Dalles, où après une courte jase avec la gentille Dame de la guérite, j’ai payé les dix dollars demandés pour aller y voir chutes et marcher sentiers. Bien m’en prit car ça me délia les jambes. Après une bonne heure et demie, je suis retournée…

… Là où j’étais attendue pour les deux prochaines nuits, à l’Abbaye Val-Notre-Dame, histoire de réaliser un rêve d’avant-pandémie, soit vivre une retraite de silence. Mais aussi…

… Là, pour trouver raison de vivre autres que manger, marcher, lire. Un genre de Mange, prie, aime déconstruit. Donc, une fois rendue…

… Là, c’est le sympathique Frère Bruno-Marie qui m’accueillit chaleureusement avec un brin d’humour retenu. Une fois la valise posée là, dans la minuscule mais fonctionnelle chambrette, quand  17h15 sonnèrent les Vêpres, calmement je me dirigeai…

… Là, vers cette chapelle, toute de verre et de bois vêtue. Reposant tel un bijou précieux, dans un écrin de verdure, une sobre croix découpait la lumière devant une nature se trémoussant librement. Un corbeau haut perché, sans tenir en son bec un fromage, semblait lui aussi à l’écoute des chants monacaux.

Mon regard fut attiré comme un aimant vers le sommet utilisé en toile de fond. J’y percevais une esquisse d’éclaircie. Comme une subtile et muette invite à gravir une montagne…

J’étais là, en partie pour ça. Au propre comme au figuré. Alors…

… Là, j’ai plongé tête première dans ce bain de silence. Aussi dans la contemplation. La méditation. Le dépouillement. La sobriété. La lumière. L’apaisement. La sérénité. Le réconfort. La lenteur. La spiritualité. Pour tenter de retrouver ce qui manquait à ma vie.

Et encore le silence. Partout. Tout le temps. Dans le silence, on réapprend à sourire aux inconnus. On mime les mercis du bout des lèvres. On observe sans juger. On ralentit le rythme de nos pas. On laisse la musique classique cadencer le bruit des ustensiles et le raclement des chaises sur les carreaux de céramique.

Émue jusqu’aux os…

« Et si la beauté rendait heureux? » *

Alors je suis allée…

… Là-bas, marcher dans les différents sentiers. Avec la chaleur. Les moustiques. Et la paix. Remplie de Laudes (6h45), Tierces (8H15), Sextes (12h), Nones (13h45), Vêpres (17h15) et Complies (19h30), seuls m’auront échappé les Vigiles de 4h00, et ce, malgré alarmes et cloches.

Paresse…

Au bout du compte, y a-t-il eu révélation? L’avenir le dira. Chose certaine : j’ai trouvé le chemin menant à l’éclaircie! Celle que je contemplais depuis la chapelle. Comme si maintenant tout pouvait m’être possible…

Avant de quitter les lieux, je me suis arrêtée…

… Là, ramasser quelques victuailles venant des bois. « Vous reviendrez? » « Non, je viens de loin. » « Ah oui? D’où? » « SJDL. » « SJDL? Mais ce n’est pas loin ça! »

J’avais oublié que je n’étais point partie de l’Abitibi !!!

À peine quelques kilomètres plus loin, je me suis retrouvée…

… Là, dans cette chambre bleue portant profondément en elle l’odeur de nicotineux de longue haleine. Une chambre réservée à la dernière minute avec en tête d’aller…

… Là, au Parc régional de La Forêt Ouareau où m’attendait la revanche de ce sentier intermédiaire/difficile (ou pas... tout dépend de l’âge qu’on a…). C’était prévu pour le lendemain. Comme je devais prendre repas, j’ai marché jusque…

… Là, où j’ai craqué pour une pizza pommes-brie-prosciutto-roquette, en pleine tempête de bruit après le calme du silence. Un choc vite surmonté, mais dont le bruit m’a suivi jusque dans la nuit, m’empêchant le matin venu, de sortir du lit dans une forme à escalader le Sommet d’une montagne! Lentement, je me suis rendue…

… «  Là », dans ce petit resto familial au nom si original. Après deux œufs-bacon-rôties-café, je me sentais fin prête. Adviendrait ce que pourrait…

Épilogue : Au lieu d’une, j’ai gravi au final, deux montagnes. Défi relevé haut les pieds!

Qu’on se le tienne pour dit!

* « Et si la beauté rendait heureux ? » Thibault, Pierre et Cardinal, François. La Presse. 2016, 200 pages (lu en 2 jours; un vrai petit bijou)

"D'une montagne à l'autre", Lanaudière, 22-23 juin 2023