L’art de rendre une poire heureuse

 Deuxième volet de l’histoire de « La poire de M. Le Curé ». Deuxième et ultime.

Dimanche 25. Date à laquelle mes Parents auraient pu célébrer leur 68ième anniversaire de mariage, si tel avait été leur destin. Passons.

J’avais accompagné le texte d’une photo de pommes en pleine croissance. Pas rapport. Depuis ce jour, mon TOC claudiquait avec ce fait imparfait. Donc après une marche dans la pommeraie, je bifurquai vers le cimetière, une idée très précise en tête.

Pourquoi encore le cimetière? Simplement parce qu’il est situé derrière le presbytère et que ledit poirier se trouve coincé entre les deux.

Dans l’arbre ne restait plus que deux fruits un peu maganés. Cependant au sol, en reposait un troisième, face contre terre.

Je la ramassai et l’examinai. Elle était ferme, sans trace de piqûres de vers. La retournant, je vis alors ses deux petits yeux espiègles et sa bouche en coin, un peu tordue, fort probable un ancien trouble du 7e nerf crânien…

Non mais, quel bonheur existentiel je lisais sur ce joli minois!

Je décidai de l’emporter avec moi et de lui faire la fête qu’elle méritait, c’est-à-dire la sauver d’une pourriture certaine et du coup pour moi, profiter de quelques éventuelles vitamines.

Donnant, donnant.

Je l’installai confortablement jusqu’à trouver, l’angle parfait pour un shooting en règle. Son heure de gloire.

Depuis, elle trône son mûrissement dans le plat marocain, centre table. Quand le moment sera venu, je lui donnerai la fin pour laquelle elle a vécu…

… Être mangée!...

"La poire heureuse", STDL, septembre 2022

 

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