La poire de M. Le Curé

 D’emblée, je ne suis pas une voleuse. Suis plutôt du genre intègre, honnête, angélique, authentique...

Bon, bon… Ben oui, tous des synonymes. Pis après?... Le péché me déplaît malgré mon incroyance… Mais… mais…

Il m’arrive de succomber à la tentation. Après tout, comment faire perdurer un état d’indolence dans ce coin de province où l’attraction principale demeure l’exposition de bijoux colorés suspendus un peu partout à portée de main? De quoi comprendre Mme Ève…

Exception. Confession.

Par une belle fin d’après-midi, voulant augmenter le nombre de pas quotidiens, plutôt que d’aller titiller mes envies dans le verger d’en-haut, je pris à droite, direction cimetière.

Recueillement obligé. Je saluai en silence les Partis, comptant les années de l’un, celles de l’autre. Trop vieux, trop jeune. Admission de ce fait inéluctable qu’est la mort. Disparitions, pertes, néant…

Après ces minutes de méditation, je descendis le petit chemin gravelé menant derrière le presbytère. Prenant raccourci, subitement sur la pelouse, un arbre m’arrêta. J’ignore ce qui, de sa prestance ou de ses points colorés, attirèrent mon attention : j’avais devant moi, le poirier de M. Le Curé!

Je tâtai du bout des doigts le fruit se trouvant à portée. L’examinai. Me questionnai. N’était-ce pas moral de cueillir ce qui, indubitablement, risquait de se perdre? Il m’offrait en toute sa candeur, sa peau jaune et lisse. Je décidai de le sauver et lui promis, une belle fin.

Ciel que cette poire fut un réel délice! Qui plus est, c’était la première fois de ma vie que j’en cueillais une (truc qui me fascine depuis que je vis ici…)!

Addenda : Suis-je en train de changer de voies? Hier, je me surpris à aller cueillir (autre première fois) quelques prunes dans le prunier ignoré du Voisin…



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