Première de classe

 L’air avait ce petit quelque chose de particulier. L'abrutissant silence d’une calme matinée. Abrutissant. Pas la première fois que j’écris ça. Ni la dernière. 

Il mène loin dans l’introspection, ce silence. 

L’introspection. C’est ça qui est bruyant…

Les oiseaux se faisaient entendre à qui mieux mieux, les uns après les autres, ou un peu tous à la fois. Le verger sommeillait sous les doux rayons d’un Galarneau intimidé. Pourtant, n’importe quelle personne avisée, aurait remarqué la subtile activité…

Non loin du hangar abandonné, j’ai retourné la vieille chaudière un peu crottée, extirpée des ronces quelques semaines plus tôt. C’est toujours là, que le regard perdu vers l’horizon, fixant le seul point brillant disponible, que je plonge sans retenir mon souffle, brève méditation, où seul l’inconfort des iliaques me rappelle au moment présent…

Inspire. Expire…

Bruissements de feuilles mortes séchées par l’hiver. Calme. Beauté. Verger. Dinde sauvage apeurée… Sourire…

Je décidai d’emprunter le chemin serpentant dans la montagne. Sans but précis. Juste pour prendre le temps d’apprécier le temps. Juste parce que, bizarrement, la hanche arthrosée semblait elle aussi apprécier la balade.

… C’est sur le retour, que dans une allée baignée de lumière, je l’aperçus, cette Première de classe, dans sa robe rosée un peu fripée.

Miracle printanier. Il n’y avait pas que des boutons.

Les pommes étaient en production…

Addenda : C’est bien tristement que j’ai appris cet après-midi, le décès de M. Serge Bouchard, que je connaissais depuis si peu de temps. « Je vous lirai attentivement dans « Un café avec Marie », votre avant-dernier bouquin.

Adieu, M. Bouchard! Merci pour tout. À l’avance. »

"Première de classe", St-Joseph-du-Lac, 10 mai 2021