Corriger l'expression

 

C

orriger l’expression – Dimanche tannant, où un quelconque ennui s’était infiltré parmi les fibres de la tunique noire et blanche que j’avais enfilé par-dessus la jupe également noire, qui rappelait que « rien ne se perd, tout se crée… ». Un dimanche tannant comme il y en avait souvent lors des réintégrations du quotidien post cavales. C’était comme ça.

Pour ne pas entreprendre un subséquent vingt-quatre-heures-de-lecture-non-stop, je décidai d’aller méditer mon désœuvrement en face à face avec le lac Des Deux Montagnes. Et comme j’aimais bien le flegmatique St-Placide…

Je marchai quelques rues avant d’aller m’asseoir au bout du quai, y laisser flotter mon esprit sur les eaux agitées. Traitement efficace qui m’extirpa de ma léthargie. Retour au bercail.

La route présenta ses habituels cyclistes colorés, dos recourbé sur leurs poignées, moulinant dans des semblants de peine et de misère, les innombrables montées. Les yeux grands ouverts pour rester concentrée, j’en oubliai d’admirer les immenses champs, riches de toutes ces graines ayant généré de quoi manger.

« Manger. Justement, m’essemble que j’ai faim… »

Je pris par St-Vincent, route moins achalandée que le Chemin d’Oka. Les affiches d’un vignoble attirèrent mon attention. Vignoble Négondos. Premier vignoble québécois en production biologique, et ce, depuis 1993. Je suivis les indications de la route des vins pour me retrouver devant un grand édifice étrangement calme. La binette d’un chien dans l’un des carreaux de la porte où on avait laissé pendre les clés me mit sur mes gardes. Comme je rebroussais chemin, une Dame tressée apparut.

« Est-ce possible d’acheter votre vin? » lui demandai-je. « Il ne me reste plus rien. Et avec la COVID, moi je ne porterai pas de masque. »

« Ohhh… dommage! J’aurais bien aimé y goûter. »

Quelques bla-bla-bla plus tard…

« Avez-vous de l’argent comptant? » « Oui. » « Je peux vous laisser une bouteille de rouge, mais il faudra la laisser reposer 2-3 semaines avant de l’ouvrir. » « D’accord! Tant qu’à être ici, j’aimerais bien vous encourager. »

« Je ne suis pas découragée! » me lance-t-elle. Je la regarde surprise, croyant à tort, qu’elle m’a mal comprise.

« Je ne suis pas découragée. Je vais très bien. Les affaires vont bien. Je sais : c’est l’expression! »

Comme c’est étrange d’apprendre à mon âge, quel sens on peut donner à ce simple verbe…

Addenda : Je vous en redonne des nouvelles début septembre…

Addenda 2 : Stable à 890…