Quand fuir aide à se trouver

 Depuis deux semaines, je me nourris d’Anaïs Barbeau-Lavalette et de sa « femme qui fuit » *.

Bouquin gentiment prêté par mon Artiste-de-Belle Fille, je me suis réfugiée avec délices dans les mots poétiques d’Anaïs.

N’oubliant pas pour autant de me sustenter de vivres à heures régulières, je referme cet après-midi, un brin tristounet, la quatrième de couverture, laissant les cendres de Suzanne Meloche, se mêler au vent.

« Elle avait soif de liberté et rêvait d’aventures et d’amours nouvelles** » lit-on à son propos sur Wikipédia, lorsqu’elle décida de quitter ce 1er août 1952, le père de ses enfants, Marcel Barbeau.

Tiens, tiens…

J’ai beaucoup aimé le format du livre, ses pages à demi pleines, les séparations des tranches de vie. Les phrases, parfois courtes, aux couleurs de tableaux de vie, sa vie marginale, pleinement assumée sous coulis de culpabilité non avouée, s’étant déroulée entre Ottawa et Montréal, de Bruxelles à Londres, re-Montréal à New York pour finir par rendre son dernier souffle à Ottawa, à l’âge de 83 ans.

Amie des Borduas, Riopelle, Gauvreau, Mousseau, elle fut présence silencieuse dans le Refus global publié le 9 août 1948 à Montréal

Voici mon passage préféré, à la fin de la page 221, où il est question de deux hommes embarquant dans un autobus : « … Ils ont la présence effacée des existences en pointillé… ». Quelle douceur métaphorique!

Ce livre est un petit bijou de refuge, une envolée clairement poétisée. Je donne un 9/10. Avec un bonus d’envie de reprendre l’écriture!

* « La femme qui fuit », Anaïs Barbeau-Lavalette, Éditions Marchand de feuilles, Montréal, 2015

** Carolle Gagnon et Ninon Gauthier, Marcel Barbeau le regard en fugue, Centre d'étude et de communication sur l'art, 1990, 243 p., p. 22

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